Le TI (1887-1925) de la nouvelle édition du Journal de Gide a montré à quel point ce Journal était une oeuvre voulue et composée par son auteur, et comment, par le jeu des ajouts et des suppressions, Gide a donné à son texte plusieurs formes possibles. Ce second volume, qui couvre les années 1926 à 1950, propose un texte enrichi de nombreux passages qui avaient déjà paru dans des volumes ou des revues, mais qui étaient absents de l'ancienne édition de la Pléiade. Il contient aussi des inédits, publiés ici dans une disposition permettant de les identifier comme tels.L'ancienne édition s'achevait, le 10 juin 1949, sur deux vers de Victor Hugo, dont Gide commentait brièvement la rime ; «lignes insignifiantes», écrira-t-il en janvier 1950. On lira ici pour la première fois ce qui suivait, par exemple ceci, le 14 juin 1949 : «La lutte contre le mensonge, à la bien prendre, nous donne déjà suffisamment à faire. Il importe de s'y employer tout entier» ; le 28 juin : «Est-ce exagérer beaucoup que d'écrire : je n'ai plus tant de belles heures à vivre, et ne sais comment employer celles-ci» ; le 2 octobre : «Somme toute je médite très peu» ; le 10 mars 1950 : «On évalue les distances selon l'effort à obtenir de soi pour les franchir» ; et cette fin, le 21 novembre : «Mais où me réfugier ?».